Plus de 220 marxistes célèbrent le 200e de la naissance de Karl Marx à Montréal

L’École marxiste d’hiver de Montréal est maintenant le plus grand événement marxiste au Canada et au Québec, mais l’édition de cette année était particulièrement spéciale. Nous avons eu une participation record de près de 230 personnes. Des camarades sont venus de l’Ontario, de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Québec, de France, du Royaume-Uni, des États-Unis et […]

  • Julien Arseneau et Joel Bergman
  • mer. 21 févr. 2018
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L’École marxiste d’hiver de Montréal est maintenant le plus grand événement marxiste au Canada et au Québec, mais l’édition de cette année était particulièrement spéciale. Nous avons eu une participation record de près de 230 personnes. Des camarades sont venus de l’Ontario, de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Québec, de France, du Royaume-Uni, des États-Unis et du Mexique pour y assister. Deux cent ans après la naissance de Karl Marx, l’École marxiste d’hiver 2018 a donné la preuve que les idées marxistes sont plus vivantes que jamais et progressent travers tout le pays.

L’histoire du Manifeste du Parti communiste

Marco La Grotta, militant pour Socialist Fightback Students à Toronto et membre de la rédaction du journal Fightback, a donné la première présentation de la fin de semaine, intitulée « Le Manifeste du Parti communiste aujourd’hui ». Il a souligné qu’aucun autre livre ne suscite autant de peur chez la classe dirigeante aujourd’hui que le manifeste écrit en 1848 par Karl Marx et Friedrich Engels, précisément parce qu’il est toujours d’une actualité brûlante. Il a cité à cet effet le magazine The Economist, qui expliquait dans un article récent qu’il y a beaucoup à apprendre de Marx, et qui recommandait à ses lecteurs capitalistes de commencer à le prendre au sérieux s’ils ne veulent pas être sa prochaine victime!

Ensuite, Marco a expliqué l’histoire du développement des idées de Marx. Il a montré comment Marx avait été influencé par la philosophie de Hegel, puis par celle de Feuerbach, au cours des années 1840. Il montra comment Marx avait adopté la méthode dialectique de Hegel, mais avait aussi été influencé par l’idéalisme de celui-ci à ses débuts. Marco a expliqué comment Feuerbach avait impressionné Marx avec sa critique matérialiste de la religion, mais que Feuerbach avait ses limites. En effet, son but n’était pas d’abolir la religion, mais de la parfaire. Mais surtout, Marx critiquait Feuerbach pour son ignorance totale du monde de la politique. Le jeune Marx était déjà actif politiquement, et n’avait que du mépris pour les philosophes n’ayant aucune intention de transformer le monde.

Marco a décrit comment Marx a étudié à Paris le matérialisme français, le communisme et la classe ouvrière. Marx y comprit que c’était la classe ouvrière qui pourrait mener la prochaine révolution, et en se libérant, pourrait émanciper l’humanité entière. Marco a ainsi souligné que c’était à Paris que « Marx est devenu marxiste ». 

C’est à cette époque que Marx écrivit son premier ouvrage publié où il fournit une explication concise du matérialisme historique, soit le livre Misère de la philosophie publié en 1847. C’est également à cette période que Marx et Engels entrèrent dans la Ligue des justes, une société secrète de révolutionnaires allemands. Dans la Ligue, Marx et Engels luttèrent pour les idées du socialisme scientifique qu’ils avaient récemment développées. Cela se concrétisa avec la transformation de la Ligue des justes en Ligue des communistes, et par la publication du programme de la Ligue, rédigé par Marx et Engels : le Manifeste du Parti communiste.

À la fin de sa présentation, Marco a souligné la confiance inébranlable en la classe ouvrière et l’optimisme pour l’avenir de l’humanité qui animaient Marx et Engels. Dans son mot de la fin ayant suivi la discussion, il a insisté sur le fait que nous n’avons aujourd’hui aucune raison d’être cyniques, et qu’il n’y a pas de cause pour laquelle il vaut autant la peine de lutter que celle de l’émancipation de l’humanité. Il a terminé la séance en affirmant avec confiance que nous allons renverser le capitalisme de notre vivant! 

Vous pouvez écouter sa présentation ici :

Les révolutions de Marx : 1848 et la Commune de Paris

Dans l’après-midi, Jérôme Metellus, marxiste français et rédacteur du journal marxiste français Révolution, a donné une présentation portant sur « Les révolutions de Marx : 1848 et la Commune de Paris ». Il a commencé en présentant le contexte historique menant à la révolution de 1848 en France. Jérôme a expliqué que bien que la révolution française de 1789 avait éliminé le vieux mode de production féodal, une contre-révolution politique eut lieu à partir de 1795. Les différents régimes éliminèrent les conquêtes politiques de la révolution, un processus qui aboutit à l’instauration de l’Empire en 1804 par Napoléon Bonaparte, et au retour des Bourbon au pouvoir en 1815 sous Louis XVIII.

Vers la fin des années 1840, une crise économique massive frappa toute l’Europe. L’opposition bourgeoise se servit de cette crise pour canaliser la colère des masses. En février 1848, lorsque Louis-Philippe interdit les banquets politiques organisés par l’opposition, les masses remplirent les rues et les banquets se transformèrent en manifestations de masse, puis en insurrection. Celle-ci mena à la chute du régime de Louis Philippe et à l’établissement de la Deuxième République française.

On pense souvent que la bourgeoisie française était révolutionnaire et avait lutté de manière constante pour la République, mais ce n’est pas le cas. Jérôme a expliqué que la majorité des grands bourgeois français étaient monarchistes. La bourgeoisie était davantage apeurée par les travailleurs qu’elle ne l’était par la monarchie. En fait, c’étaient les masses, comme en 1789, qui avaient pris la rue en faveur de la République. Cependant, ce ne sont pas les masses qui ont pris le pouvoir en 1848, mais le pouvoir leur fut volé encore une fois par la bourgeoisie.

Lors des quatre années de vie de la Deuxième République, une lutte féroce eut lieu entre les classes afin de marquer de leur sceau la République. Les travailleurs luttaient pour une « République sociale », tandis que la République, aux yeux de la bourgeoisie, ne devait être qu’un outil pour assurer leur domination de classe. Il y avait alors une impasse de la lutte des classes; ni la bourgeoisie, ni les travailleurs n’arrivaient à avoir le dessus. Cette situation conduisit à ce que Marx a appelé le « bonapartisme », alors que Louis Bonaparte, le neveu de Napoléon, a été capable de manoeuvrer entre les différentes classes, les montant les unes contre les autres. Il fut capable de le faire tout en augmentant son pouvoir personnel, ce qui le mena à détruire la République avec un coup d’État en 1851, et à mettre en place le Second Empire en 1852.

Jérôme a ensuite avancé rapidement vers le sujet de la Commune de Paris de 1871. Profitant d’un boom capitaliste majeur, le Second Empire avait été capable de durer près de deux décennies. Mais la guerre franco-prussienne de 1870 avait fait remonter toutes les contradictions de la société française à la surface. La guerre avait été une débâcle complète pour les Français et à un certain point, Louis Bonaparte fut capturé et l’armée prussienne entoura Paris. Suite à cela, la Troisième République fut déclarée à Paris, sous la gouverne d’Adolph Thiers.

Paris était entourée par l’armée prussienne, et défendue par le peuple parisien organisé à travers la garde nationale. Le gouvernement républicain bourgeois avait peur des travailleurs parisiens en armes, et il négocia donc la capitulation, et engagea la lutte avec les Prussiens contre les travailleurs de Paris. Le 28 janvier 1871, Thiers capitula, mais la Garde nationale resta armée. Thiers essaya alors de désarmer les travailleurs de Paris, mais cette tentative se solda par une défaite et le gouvernement républicain et la bourgeoisie parisienne se virent forcés de fuir la ville. 

Le 18 mars, la classe ouvrière se réveilla avec le pouvoir en main. Ce fut le début d’un épisode remarquable, celui du premier gouvernement ouvrier de l’histoire de l’humanité qui, malgré qu’il ait été renversé, a fait des avancées spectaculaires. La Commune a établi la séparation de l’Église et de l’État, a aboli le travail de nuit et a instauré l’éducation publique et gratuite, pour ne nommer que quelques mesures. De plus, la Commune avait nationalisé sous contrôle démocratique des travailleurs toutes les usines qui avaient été fermées et les avaient réorganisées dans une fédération d’entreprises, ce qui constituait l’embryon d’un plan de production socialiste.

La Commune a également établi une forme d’État jamais vue auparavant. C’était un État radicalement différent des autres, basé sur la classe ouvrière et constitué de telle sorte qu’il puisse défendre les intérêts des travailleurs. L’armée permanente avait été remplacée par le peuple en armes, les fonctionnaires étaient tous élus, redevables et révocables à tout moment, et aucun fonctionnaire n’était payé au-delà du salaire d’un ouvrier moyen. Cette brève expérience força Marx à mettre à jour sa théorie de l’État. Il expliqua que les travailleurs ne pourraient pas utiliser l’État bourgeois, mais auraient à le renverser au cours de la révolution, pour le remplacer par un État semblable à la Commune de Paris. Cet épisode nous a montré que les travailleurs sont capables de faire fonctionner la société, et nous donne un aperçu de la société qu’ils vont pouvoir créer!

Vous pouvez écouter sa présentation ici : 

Le marxisme en action : la 1ère Internationale

Le dimanche matin, Hélène Bissonnette, militante pour La Riposte socialiste à Montréal, a présenté un exposé portant sur l’histoire de la 1ère Internationale, aussi connue sous le nom d’Association internationale des travailleurs. Hélène a expliqué que l’Internationale représentait l’application par Marx de son célèbre aphorisme « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, ce qui importe c’est de le transformer ». Il s’agissait de la première tentative de regrouper les travailleurs du monde entier dans une authentique organisation internationale, une tâche qui découle du caractère international du capitalisme. C’est avec l’Internationale que Marx et Engels ont travaillé inlassablement à propager les idées du socialisme scientifique auprès de la classe ouvrière.

L’exposé d’Hélène a permis de montrer les difficultés auxquelles ont fait face Marx et Engels au sein de l’Internationale fondée en 1864. Dès le départ, une multitude de tendances politiques étaient réunies dans l’organisation : oweniens, chartistes, syndicalistes réformistes, proudhoniens, républicains, socialistes utopiques, etc. Marx et Engels ont dû lutter patiemment pour leurs idées. Pour utiliser les mots de Marx, il fallait être « ferme dans les principes, souples dans les moyens ». C’est là un conseil précieux pour quiconque lutte pour les idées marxistes aujourd’hui dans le mouvement ouvrier. Nous devons trouver le moyen de connecter nos idées révolutionnaires avec les masses par différents moyens, sans faire de concession sur ces idées et principes.

Hélène a passé une bonne partie de la présentation à expliquer les grandes lignes de la lutte menée par Bakounine contre Marx et le Conseil général de l’Internationale. Bakounine avait d’abord brièvement fait partie d’une organisation bourgeoise en Suisse, la Ligue pour la paix et la liberté. Il avait par la suite fondé l’Alliance internationale de la démocratie socialiste et demandé d’adhérer à l’Internationale. Il souhaitait avoir sa propre organisation travaillant au sein de l’Internationale, mais avec des structures distinctes, un programme différent et des réunions séparées. Cela équivalait, aux yeux de Marx, à demander de former une Internationale au sein de l’Internationale. Malgré plusieurs manoeuvres de Bakounine pour faire accepter son organisation au sein de l’Internationale, elle se vit refuser l’entrée, et il dut la dissoudre pour joindre l’Internationale. Il fera cependant revivre son organisation de manière secrète, ce qui créera des problèmes au sein de l’Internationale.

Quelles idées Bakounine défendait-il au sein de l’Internationale? Il soutenait notamment l’idée que les travailleurs devraient s’abstenir de toute lutte politique puisque celle-ci se déroulait au sein de la société bourgeoise. Hélène a bien expliqué qu’il démontrait ainsi son manque de compréhension de la lutte des classes. Dans sa lutte pour des avancées sous le capitalisme, la classe ouvrière doit inévitablement être amenée à lutter pour des revendications politiques comme le droit d’association, la liberté d’expression, le droit de grève, etc. Afin de lutter pour leurs propres intérêts, les travailleurs sont amenés à former leurs propres organisations. Et oui, Marx soulignait que les travailleurs doivent former leur propre parti politique, indépendant de la bourgeoisie. Ne pas le faire, comme le suggérait Bakounine avec sa position en faveur de l’abstentionnisme politique, ce serait condamner les travailleurs à être subordonnés aux partis de la bourgeoisie. Hélène a également expliqué que Bakounine revendiquait l’égalité des classes, alors que les marxistes veulent plutôt la disparition des classes. 

À cela s’ajoutait la désormais célèbre question de l’autorité. Bakounine refusait de reconnaître l’autorité du Conseil général de l’Internationale, pourtant réélu à chaque année au Congrès de l’organisation. Depuis Bakounine, c’est un mythe répandu que les marxistes sont « autoritaires ». Selon Bakounine, les travailleurs doivent fuire l’autorité comme la peste. Dans sa présentation, Hélène a résumé la question de l’autorité en expliquant que pour les marxistes, la question qui se pose est : quelle classe doit avoir l’autorité dans la société? Les travailleurs ou les capitalistes? Une révolution socialiste est certainement un acte autoritaire, un acte par lequel les travailleurs imposent leur volonté à la bourgeoisie.

En ce qui a trait à l’Internationale elle-même, le fonctionnement était celui du centralisme démocratique : pleine liberté dans la discussion, pleine unité dans l’action. Hélène a utilisé l’exemple de la grève : si les travailleurs votent une grève, alors l’entièreté des travailleurs entrent en grève. Le briseur de grève, qui va à l’encontre de la décision de la majorité des travailleurs, sera le véritable « autoritaire », imposant sa volonté individuelle sur la majorité des travailleurs. De même Bakounine souhaitait faire partie de l’Internationale, mais voulait l’autonomie lui permettant de ne pas être soumis aux décisions et au programme de l’Internationale. Cet individualisme anarchiste mena Bakounine à utiliser toutes sortes de méthodes antidémocratiques pour faire avancer ses idées au sein de l’Internationale, comme envoyer son programme en secret aux sections de l’Internationale et faire circuler des lettres diffamant Marx et le Conseil général. Ces méthodes bakouniniennes sont aux antipodes des méthodes démocratiques du mouvement ouvrier, celles du centralisme démocratique.

La lutte avec Bakounine pesait lourdement sur l’Internationale. Mais il y avait également d’autres débats et problèmes, notamment dans les sections britannique et américaine. Des éléments réformistes et petits-bourgeois étaient entrés dans les deux sections. En Grande-Bretagne, le boom relatif du capitalisme avait permis à la bourgeoisie de donner des concessions à une couche de la classe ouvrière et d’entretenir une bureaucratie syndicale qui n’avait aucun intérêt à lutter contre le capitalisme. De même, aux États-Unis, l’Internationale avait attiré à elle des éléments petits-bourgeois comme Victoria Woodhull, une banquière à la tête de la section 12 de la section américaine! Hélène a expliqué comment la classe ouvrière ne vit pas dans un vase clos et n’est pas à l’abri des pressions des idées et éléments bourgeois et petits-bourgeois. Elle a souligné l’importance pour les marxistes de mener la lutte contre ces éléments au sein du mouvement ouvrier. En ce qui concerne les syndicats anglais, Hélène a expliqué qu’il était nécessaire pour Marx et Engels de conserver des liens avec eux, malgré leurs dirigeants réformistes. Les marxistes doivent pouvoir connecter leurs idées avec les masses au sein de leurs organisations.

L’écrasement de la Commune de Paris et le boom du capitalisme qui s’en est suivi ont rendu la vie difficile à l’Internationale. Elle dut apporter son aide aux réfugiés de la Commune, et le boom du capitalisme fit que plusieurs sections se mirent à se concentrer davantage sur les luttes économiques, à l’échelle nationale. Ces conditions objectives difficiles combinées aux conflits internes de l’Internationale minèrent celle-ci, et la menèrent à son déclin. Le Congrès de La Haye de 1872 marqua la fin officieuse de l’Internationale, qui fut officiellement dissoute en 1876.

Même si l’Internationale n’a duré que douze ans, c’est au cours de cette période que Marx et Engels ont jeté les bases de ce qui allait suivre. La IIe Internationale, fondée par Engels en 1889, allait être une Internationale de masse basée sur les idées du socialisme scientifique. La lutte qu’avaient menée Marx et Engels pour faire triompher leurs idées au sein du mouvement ouvrier international n’a pas été vaine : c’est à l’aide de leurs idées et leurs méthodes que nous construisons aujourd’hui la Tendance marxiste internationale. La tâche de construire une organisation internationale pour les travailleurs est plus que jamais à l’ordre du jour!

Vous pouvez écouter sa présentation ici :

Le Capital de Marx, 150 ans plus tard

La dernière séance de l’École portait sur « Les 150 ans du Capital », et la présentation a été donnée par Adam Booth, rédacteur du journal marxiste britannique Socialist Appeal (www.socialist.net). Adam est également le co-auteur du livre Understanding Marx’s Capital. Il a commencé par expliquer que malgré qu’il soit vieux de 150 ans, Le Capital est plus pertinent encore aujourd’hui qu’il ne l’était à l’époque de sa rédaction. Du bitcoin à la spéculation financière, en passant par la « menace » de l’automatisation, le « chômage technologique », « l’économie des petits boulots » et le travail précaire, tous ces processus avaient été décrits par Marx dans Le Capital.

Adam a expliqué comment c’est les économistes classiques bourgeois comme David Ricardo et Adam Smith qui, à travers une étude scientifique du fonctionnement du capitalisme, ont développé la théorie de la valeur-travail, qui explique que le travail est la source de toute valeur. C’est une idée nécessairement très dangereuse pour la bourgeoisie, ce qui fait que les économistes bourgeois depuis Smith et Ricardo se sont attelés à la réfuter. C’était donc à Marx qu’il revenait de mettre en lumière les lois du système capitaliste et, pour citer Marx lui-même, de « porter à la bourgeoisie un coup théorique dont elle ne se remettra jamais ». Et en effet, elle n’a jamais pu répondre à sa critique!

Marx entame son Capital en parlant de la marchandise. Une marchandise est un bien ou un service produit afin d’être échangé sur le marché. Bien que l’échange existait dans les sociétés de classes antérieures, ce processus était essentiellement marginal, et la production marchande ne devient prédominante que sous le capitalisme. Adam a expliqué que chaque marchandise a une nature double, c’est-à-dire qu’elle possède d’un côté une utilité (valeur d’usage), sans quoi personne ne voudrait de la marchandise et elle ne pourrait pas être échangée, et de l’autre elle entretient une relation quantitative avec les autres marchandises à travers le marché (valeur d’échange). 

Adam a expliqué que la valeur de ces marchandises n’est pas déterminée subjectivement ou simplement par l’offre et la demande, comme certains économistes bourgeois l’affirment, mais découle de leur relation les unes aux autres. En comparant les marchandises sur le marché, on réalise qu’elles ont toutes une propriété commune, celle d’être des produits du travail humain. Marx a élaboré davantage la théorie de la valeur-travail de Ricardo et Smith avec le concept de temps de travail socialement nécessaire. Marx a expliqué que lorsque les marchandises sont échangées entre elles, ce n’est pas simplement le temps de travail contenu dans chaque marchandise qui détermine la valeur, mais le temps de travail socialement nécessaire déterminé par le niveau général de la technique et de la productivité dans une société donnée. Le cordonnier qui utilise de vieilles méthodes sera forcé d’adopter les nouvelles technologies sous peine de se faire tasser sur le marché. Le prix d’une marchandise sur le marché ne fait que fluctuer autour de sa valeur réelle.

Puis, Adam a expliqué le processus par lequel le capitaliste devient totalement divorcé du processus de production. Les gestionnaires aujourd’hui sont eux-mêmes des travailleurs salariés. En fait, les capitalistes préfèreraient ne pas avoir à se soucier de la production du tout. Le déclin sénile du système se voit aujourd’hui par le développement sans précédent de la spéculation, largement fondée sur le capital fictif : non pas l’échange de valeurs, mais des droits sur des profits futurs basés sur des valeurs qui n’existent pas encore.

Mais d’où vient le profit lui-même? Sous le capitalisme, il semble que le capitaliste paye le travailleur pour son travail et que tout est beau. Mais Marx souligne qu’il est faux de dire que le capitaliste paye le travailleur pour la valeur totale de son travail puisque si c’était le cas, aucun profit ne pourrait être fait. Les capitalistes payent pour ce que Marx appelait la « force de travail », c’est-à-dire la capacité à travailler des ouvriers. Adam a souligné que la force de travail est une marchandise dont la valeur est déterminée de la même manière que la valeur de n’importe quelle autre marchandise, soit d’après le temps de travail socialement nécessaire à sa production. Les salaires tendent donc à donner au travailleur ce qui est nécessaire pour le maintenir en vie et lui permettre de se reproduire. C’est pourquoi le marché, laissé à lui-même, tend toujours à exercer une pression à la baisse sur les salaires et les ramener à leur strict minimum. La valeur de ce que l’ouvrier produit dépasse ce qu’il reçoit sous forme de salaire. C’est ici que se dévoile le secret du profit capitaliste : il provient du travail non payé de la classe ouvrière.

C’est la source même du profit capitaliste qui mène le système à sa perte. Les crises économiques, comme celle que vit actuellement le capitalisme à l’échelle mondiale, sont dues à la nature du système lui-même. Ce même travail non payé de la classe ouvrière, qui rend possible le profit, signifie que les travailleurs et travailleuses ne seront jamais capables de racheter l’entièreté des marchandises qu’ils produisent. C’est ce qui mène à ce que Marx appelait une « crise de surproduction », une situation complètement irrationnelle où la société entre en crise parce qu’elle a trop de produits pour la capacité du marché à les absorber. Les forces productives dépassent les limites étroites du marché.

Le capitalisme, ayant joué un rôle progressiste dans le passé dans le sens où il développait massivement les moyens de production, est maintenant devenu un immense frein au développement de la société. Le « libre marché » s’est transformé en son contraire alors que quelques monopoles géants contrôlent la majorité de l’économie, restreignant l’investissement et l’innovation.

Aujourd’hui, cela fait dix ans que nous traversons la pire crise de l’histoire du capitalisme. Les gouvernements capitalistes ont essayé toutes les « solutions », et aucune d’elle n’a fonctionné. Que ce soit les politiques monétaires souples, les bas taux d’intérêt, l’assouplissement quantitatif, l’austérité ou le financement du déficit keynésien, aucune de ces mesures n’a permis de résoudre les problèmes fondamentaux. Les économistes bourgeois eux-mêmes parlent de « 50 ans de stagnation », de « récession permanente » et de « stagnation séculaire ».

Les lois du capitalisme semblent nous être imposées comme des forces omnipotentes qui contrôlent nos vies. Mais ces lois peuvent être comprises, surmontées et remplacées. C’est la tâche des marxistes d’analyser et d’expliquer ces lois afin de passer « du règne de la nécessité au règne de la liberté », comme le disait Engels.

Vous pouvez regarder sa présentation ici :

Le marxisme est bien vivant!

Tout au long de la fin de semaine, l’enthousiasme des participants était palpable. Nous avons également tenu un « Gros party marxiste » le samedi soir, où les jeunes ont dominé la piste de dance! Les discussions suscitées par les quatre présentations de la fin de semaine ont témoigné du haut niveau politique des camarades. Nous pouvions voir que La Riposte socialiste/Fightback grandit non seulement quantitativement, mais qualitativement aussi. Alex Grant, rédacteur pour Fightback, a eu droit au mot de la fin de l’École. Il a souligné le pessimisme qui règne aujourd’hui chez les bourgeois et chez les réformistes, et que les marxistes sont les seuls qui sont optimistes. Les idées marxistes sont bien vivantes, et de plus en plus populaires! Dans une ambiance électrique, l’École s’est terminée sur le traditionnel chant de l’Internationale – le chant des insurgés de la Commune de Paris – et sur le chant communiste italien Bandiera Rossa. _

Les militants et sympathisants de la Tendance marxiste internationale sont repartis gonflés à bloc, prêts à promouvoir les idées de Marx au sein du mouvement. Cette année, nous avions la chance d’accueillir des groupes de militants socialistes provenant de Québec et de Kamloops qui se sont déplacés à Montréal spécifiquement à l’occasion de l’École. Nous sommes heureux de collaborer avec des socialistes de partout au pays, et à cet effet l’École est une étape importante dans la construction d’une organisation révolutionnaire véritablement pancanadienne. Nous en appelons à tous ceux et celles qui veulent nous rejoindre dans cette lutte révolutionnaire à nous contacter dès maintenant!